Dans un article publié ce 28 août dans la revue en ligne Sciences Advances, Seth D. Burgess et Samuel A. Bowring, du U.S. Geological Survey, précisent les responsabilités volcaniques de la troisième, et plus importante, grande extinction.
Une extinction inégalée
L’extinction du Permien-Trias a eu lieu il y a environ 252 millions d’années. 90 % des espèces marines et 75 % des espèces terrestres ont alors disparu, et il a fallu 5 millions d’années à la biosphère pour se remettre de cette extinction. La coïncidence entre cette extinction de masse et une activité volcanique exceptionnelle dans les Trapps de Sibérie ont fait poser aux chercheurs l’hypothèse d’un lien de causalité entre ces deux phénomènes : les gaz volcaniques auraient modifiés l’atmosphère et acidifiés les océans. Le volcanisme des Trapps de Sibérie a en effet expulsé près de 3 millions de mètre-cubes de roches fondues, ce qui, d’après un article du site SciencesNews sur le sujet, aurait suffit à enterrer les Etats-Unis sous une couche de roches aussi haute que la Tour Eiffel. Pour que cette hypothèse soit étayée, il fallait donc dater plus précisément aussi bien l’extinction que le volcanisme incriminé afin de prouver l’antériorité de celui-ci.
Le zirkon, un outil de datation précieux
Les deux chercheurs Burgess et Bowring et leur collègue Shu-zhong Shen avaient déjà montré qu’on pouvait dater précisément l’extinction permienne grâce à la datation des isotopes de l’uranium des zirkons présents dans les roches fossiles de Meishan en Chine. Ils la situent grâce à ces analyses entre 251.941 (± 0.037) et 251.880 (± 0.031) millions d’années. Les zirkons sont surtout formés lors des éruptions de type explosives et se trouvent en moindre quantité dans les Trapps de Sibérie. Il a cependant été possible aux chercheurs d’en trouver et d’en dater 192.
5 millions d’années restent à élucider
Ces recherches permettent de situer le volcanisme des Trapps de Sibérie de 300 000 ans avant l’extinction du Permien-Trias jusqu’à 500 000 ans après. Cette datation confirme que le volcanisme, antérieur, a bien causé les modifications aussi bien climatiques qu’océaniques à l’origine de cette extinction d’une ampleur jamais égalée. Cependant, ces recherches ne permettent pas encore de comprendre pourquoi la Terre est restée dépeuplée pendant 5 millions d’années…
[Article publié à l’origine sur mon blog Mirabilia]