Bonjour à tous! Dans cette rubrique, je vous présenterai une fois par semaine une femme scientifique célèbre. Et qui de mieux pour commencer que la grande Marie Curie!
Marie Curie (1867-1934)
Marie Curie est certainement la femme scientifique la plus connue. Elle est aussi la seule scientifique, avec Linus Pauling (1901-1994), à avoir obtenu 2 Prix Nobel : celui de Physique en 1903 et celui de Chimie en 1911.
Née Maria Sklodowska en 1867 à Varsovie, elle est la fille d’un père professeur de mathématiques et d’une mère institutrice. Au moment de poursuivre ses études, elle se confronte à de grandes difficultés car les études scientifiques étaient peu destinées à des filles à cette époque. Elle part donc en 1891 à Paris où elle y étudie les mathématiques et la physique sous la tutelle de professeurs tels que Paul Appell et Gabriel Lippmann. Intriguée par le magnétisme de la matière, elle part se renseigner auprès d’un grand spécialiste : Pierre Curie, qui deviendra son mari en 1895. De cette union naîtra Irène Curie, une autre femme scientifique, née en 1897.
Elle commence la même année ses travaux de thèse portant sur les rayonnements émis par l’uranium. En 1898, Pierre laisse de côté ses travaux sur la piézoélectricité pour rejoindre sa femme sur son étude de la radioactivité. Leur but est d’isoler de roches radioactives les éléments à l’origine du rayonnement inconnu. Ils découvrent ainsi 2 nouveaux éléments : le 18 juillet 1898, Marie Curie annonce la découverte du polonium et le 26 décembre de la même année, celle du radium. En juillet 1902, elle obtient un décigramme de chlorure de radium , qui lui permet d’identifier la position de cet élément dans le tableau de Mendeleïev. Elle soutient sa thèse de doctorat en sciences physiques, intitulée Recherches sur les substances radioactives, le 25 juin 1903 devant la faculté des sciences de l’université de Paris et obtient la mention « très honorable ».
Le 10 juillet 1903, elle obtient avec son mari Pierre le Prix Nobel de Physique pour leurs travaux sur les rayonnements radioactifs. Elle devient ainsi la femme lauréate d’un Prix Nobel. La même année, elle reçoit la Médaille Davy.
A partir de 1906, elle devient maître de conférence à la faculté des sciences de la Sorbonne en remplacement de son mari, mort la même année renversé par une voiture à cheval. Le Journal salue l’évènement : » c’est […] une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. Car, si la femme est admise à donner l’enseignement supérieur aux étudiants des deux sexes, où sera désormais la prétendue supériorité de l’homme mâle ? En vérité, je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains. » En 1910, elle postule à l’Académie des Sciences mais c’est finalement Édouard Branly qui obtient le siège, avec une majorité de 2 voix ; le score étant sûrement dû à un certain conservatisme anti-féministe et xénophobe. Le 4 novembre 1911, alors que le congrès Solvay vient de se terminer, éclate l’ « affaire Langevin » : la liaison extraconjugale de Paul Langevin avec Marie Curie (alors veuve depuis cinq ans) imaginée par la presse nationaliste, misogyne et xénophobe qui la traite de « Polonaise venant briser un bon ménage français » fait les gros titres. Des journaux à scandale publient des lettres qui enflamment l’opinion publique. Tous deux démentent la teneur des lettres publiées mais en vain. La campagne de presse a été si violente que le ministre de l’Instruction publique en est venu à souhaiter que Marie Curie retourne en Pologne.
Le 8 novembre 1911, au plus fort et en dépit du scandale, Marie Curie reçoit un télégramme l’informant que le Prix Nobel de Chimie lui est décerné, « en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés ». Malgré la suggestion du comité Nobel de ne pas venir chercher le prix en raison de pressions politiques ainsi que du scandale qui la couvre, elle choisit de se déplacer et le reçoit le 10 décembre 1911 à Stockholm.
Les médecins découvrent que Marie Curie, affaiblie par les événements de l’année 1911, est atteinte d’une maladie rénale. Elle subit une opération chirurgicale puis une longue convalescence, pendant laquelle d’autres physiciens, à la suite de ses découvertes, continuent à faire la lumière sur le fonctionnement de l’atome. Lorsque la guerre éclate, Marie Curie se mobilise, tout comme les autres membres de l’Institut du radium, qui fermera temporairement durant la guerre. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, et avec l’aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conception de dix-huit unités chirurgicales mobiles, des « ambulances radiologiques » surnommées a posteriori les « petites Curies ».
Marie Curie souffre d’une trop grande exposition aux éléments radioactifs qu’elle étudie depuis 1898, notamment au niveau des yeux et des oreilles. Dès 1920, elle pense que le radium pourrait avoir une certaine responsabilité dans ses problèmes de santé. Elle est atteinte d’une leucémie radio-induite ayant déclenché une anémie aplasique. Malgré sa faiblesse, elle continue d’assurer la direction de la section de physique et chimie de l’Institut du radium. Le 29 juin 1934, elle se rend au sanatorium de Sancellemoz à Passy (Haute-Savoie) pour y être hospitalisée. Elle y décède le 4 juillet. Elle est aujourd’hui enterrée parmi les plus grand au Panthéon, au côté de son mari Pierre Curie sur la décision du Président de la République François Mitterand en 1995.