Les noms scientifiques des animaux

26/03/2020 | Rédac’ Esprit Sorcier

Une nouvelle espèce de crabe a été découverte sur l’île de Guam, dans l’océan Pacifique. Ses découvreurs l’ont nommé Harryplax severus, en référence aux deux célèbres sorciers de la saga Harry Potter. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils le pouvaient !

 

Ce n’est pas la première fois qu’un animal est nommé en l’honneur des héros de J.K. Rowling. En décembre dernier, une nouvelle espèce d’araignée était baptisée Eriovixia gryffindori, pour sa ressemblance avec le « choixpeau magique » qui envoie Harry Potter dans la maison Gryffondor.

 

Eriovixia gryffindori, l'araignée choixpeau magique
Eriovixia gryffindori, l’araignée choixpeau magique

 

 

En 2014, une espèce de guêpe, qui paralyse sa proie avant de la dévorer, fut baptisée Ampulex dementor d’après les glaçants « détraqueurs », ces gardiens dévoreurs d’âme (appelés donc « dementor » en version originale).

Dans le cas du Harryplax severus, les raisons avancées par ses découvreurs sont un peu plus floues… Harryplax, en hommage à Harry Potter mais aussi à Harry T. Conley, le premier à avoir observé cette espèce de crabe il y a 20 ans, et dont les capacités à découvrir de nouvelles espèces « tenaient de la magie ». Severus, parce que ce crabe a su rester mystérieux pendant 20 ans, à l’image de Severus Rogue et son lourd secret dans la saga… Mais chut, ne spoilons pas. 😛

Disons-le clairement, des prétextes bien tirés par les cheveux. Est-ce que ça veut dire qu’on peut se permettre n’importe quoi quand il s’agit de nommer une nouvelle espèce ?

 

Harryplax severus, le crabe sorcier
Harryplax severus, le crabe sorcier

 

La 1ère règle du Science Club…

En gros oui. Mais il y a quand même quelques règles à respecter : la première est bien sûr l’utilisation du latin. Comprendre l’alphabet latin de base, c’est-à-dire qu’on ne doit pas utiliser d’accents ou de caractères spéciaux tels que « œ » ou « ß », pour éviter autant que possible les soucis de compréhension dus aux différentes langues dans le monde. Ce qui n’empêche pas l’utilisation de noms étrangers « latinisés » : citons par exemple le Zhenyuanlong Suni, un ancêtre du Vélociraptor, nommé d’après le paléontologue chinois Zhenyuan Sun, pas peu fier de sa découverte…

Si le nom peut faire référence à une personne, il est souvent choisi en fonction de la forme de l’animal ou du lieu où il a été découvert : l’Homo naledi par exemple, un ancêtre de l’Homme découvert en Afrique du sud en 2015, tient son nom de la grotte où on l’a trouvé, nommée Rising Star, ou Dinaledi (étoiles) en langue locale.

Dans tous les cas, le nom est composé de deux parties principales : la première désigne le genre, la deuxième l’espèce au sein de ce genre. Notez qu’il faut mettre une majuscule au genre (1er mot), mais pas à l’espèce (2ème mot). Et histoire de briller en société, le nom scientifique est appelé nom binominal, quand le nom commun est appelé nom vernaculaire. Par exemple :

Nom binominal = Cavia porcellus.
Nom vernaculaire = cochon d’Inde.

 

 

Scientificus rigolus

Mais hormis ces quelques principes de base destinés à garder une certaine uniformité, les scientifiques peuvent faire à peu près ce qu’ils veulent, et entendons-nous bien : le scientifique n’est pas le dernier sur la rigolade. La preuve avec ces quelques exemples.

Vini vidivici : une espèce d’oiseau éteinte qui n’avait a priori aucun rapport avec Jules César.

Mesoparapylocheles michaeljacksoni : un bernard-l’ermite éteint lui aussi, dont on ne saura jamais s’il faisait bien le moonwalk.

Agra schwarzeneggeri : un coléoptère aux pattes en apparence très musclées, rappelant les bras de l’acteur/gouverneur/bodybuilder.

Agra schwarzeneggeri

 

Aleiodes shakirae : une guêpe qui pond ses larves dans l’abdomen de chenilles, faisant danser ces dernières à la manière de la chanteuse colombienne.

Teleogramma obamaorum : un poisson d’eau douce nommé non pas d’après un gâteau alcoolisé, mais en hommage au désormais ex-président des Etats-Unis (qui a d’ailleurs été honoré pas mal de fois durant sa présidence).

Psephophorus terrypratchetti : une tortue nommée d’après l’écrivain Terry Pratchett, auteur des annales du Disque-monde, dont l’univers repose sur 4 éléphants eux-même juchés sur le dos d’une tortue géante flottant dans l’espace.

Neopalpa donaldtrumpi : une mite qui ressemble à Donald Trump…

Darthvaderum : un genre d’acarien dont l’image au microscope a immédiatement rappelé à son découvreur le casque du vilain papounet de Luke Skywalker. Ah zut, on a spoilé. 🙂

Darthvaderum

 

Et il y en a des dizaines d’autres. La plupart de ces exemples sont tirés d’un article du Labmap, le blog de la fondation La main à la pâte, très complet et très drôle, qu’on vous invite donc chaudement à lire !

Nous, on s’en va de ce pas essayer de dénicher une nouvelle espèce, juste pour le plaisir de l’appeler Fredus jamius ou Marcellus ducamionus

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